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Un prototype pré-production de la Talbot Arizona. |
Celle que beaucoup de connaisseurs considèrent comme la dernière Talbot avait de grandes chances de s’appeler en réalité Arizona. Ce nom rappelait l'Horizon qu'elle remplace, et perpétuait les noms finissant en A (Samba, Solara, Tagora...). Afin de bien comprendre son histoire, il convient de la placer dans se replacer dans le contexte historique.
Contexte historique.
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Un des premiers prototypes de Talbot Arizona
surpris par la presse auto espagnole. |
En 1970, la marque française
Simca fait partie intégrante de
Chrysler Europe (qui regroupe
Hillman,
Humber et
Sunbeam). Cependant, en août 1978,
Chrysler est dans une très mauvaise situation financière et décide de vendre ses activités européennes. Le groupe
PSA Peugeot-Citroën se porte acquéreur et hérite des usines de
Poissy (France),
Linwood,
Ryton (Grande-Bretagne) et
Madrid Villaverde (Espagne). L'accord entre
PSA et
Chrysler interdit à Peugeot d'utiliser la marque
Chrysler.
Peugeot décide alors, pour remplacer le nom de
Chrysler, d'exhumer un nom ancien qui appartient à Simca, connu tant en France qu'en Grande-Bretagne :
Talbot.
Dès juillet 1979, le nom
Talbot devient la marque de toutes les anciennes filiales de
Chrysler et sera accolé au nom
Simca en France. Tous les modèles alors en production sont alors restylés (par exemple, les
Simca 1307/1308 sont retouchés et deviennent
Talbot 1510).
Les raisons de l'échec de Talbot
- Suite à ce
changement de nom qui a perturbé les consommateurs, l'image de la marque devient floue (quelle est la marque de la voiture ?
Chrysler,
Simca ou
Talbot ?).
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Le choc pétrolier et la crise économique qui en résultat n'arrangera rien.
- Les modèles sont vieillissants : la
Solara est en fin de vie, les ventes du
Rancho sont anecdotiques, la grande
Tagora est victime du choc pétrolier et concurrence directement sa sœur
Peugeot 604. Quant à la
Samba, elle n'est qu'une
104 coupé rallongée et voit ses ventes chuter.
Talbot avait quand même pour projet de remplacer sa Samba par un dérivé d'AX.
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Des grèves massives, et parfois violentes détruiront la confiance des acheteurs potentiels.
- Afin de réduire les coûts,
Peugeot décide de fusionner les réseaux de distribution
Peugeot et
Talbot. Cependant, les concessions Peugeot seront peu motivés à vendre les
ex-Chrysler-Simca, préférant vendre les modèles Peugeot. Pire, certains concessionnaires préfèrent changer tout simplement de marque, plutôt que vendre des
Talbot.
Remplacer la Talbot Horizon.
Afin de remplacer la Talbot Horizon, les ingénieurs de Talbot (toutes les forces de la maison-mère étant jetées dans le développement de la 205) développent une remplaçante sous le nom de code C28. Elle doit être lancée en 1985. Quelques modèles d’avant série étaient estampillés Horizon. Ce projet prend une importance capitale pour l’avenir de la marque.
Cette voiture se démarque particulièrement de sa cousine de même segment
Peugeot 305 par un hayon à l'arrière. Elle reprend, afin de limiter les coûts, une
plate-forme de Peugeot 205 rallongée (en y prêtant un œil attentif, on remarque que les portières sont communes aux deux modèles), des moteurs d'origine
Simca et des feux arrières dont le dessin est très proche de ceux de la
Peugeot 505 Phase 2, qui sortira en juillet 1985. Le dessin global est quant à lui assez proche des prototypes d'expérimentations aérodynamiques
Peugeot VERA Plus (1982) et
Vera Profil (1985).
Tout est fini, la voiture est au point. Les monogrammes, la calandre badgée
Talbot...
Jacques Calvet assure dans un discours à l’usine de
Poissy que la prochaine voiture produite sur place sera une
Talbot Arizona. Cette promesse publique a même été
confirmée par le premier ministre Pierre Mauroy en décembre 1983, lorsqu’il s’agissait de sortir du second conflit de grève.
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Un prototype pré-production.
Remarquez l'intrigant badge Horizon. |
La Talbot Arizona est censée apporter un regain de production et ainsi relancer la marque. Cependant, l'image de marque de Talbot est devenue mauvaise. Tellement mauvaise que vendre le projet C28 sous la marque Talbot signifiait lui donner un handicap difficile à surmonter.
En janvier 1985, L'Auto-Journal débusque la future voiture, hésitant à l’appeler Peugeot 206 ou Talbot Arizona, tout en précisant qu'elle pourrait "probablement" être badgée Peugeot.
A quelques semaines du début de la production, la direction de
PSA se résout à annoncer à la presse le proche lancement du véhicule : son nom,
Peugeot 309... La voiture est badgée du Lion, à la hâte. Le couperet est alors tombé, et
Talbot est à la volonté du groupe
PSA. Le groupe, à la situation financière délicate, ne pouvait sauver
Peugeot et
Talbot. Cette décision scellera l'avenir de
Talbot, condamnée à disparaitre.
Une Peugeot "à part".
Lorsque sa production débute, en octobre 1985, la
Peugeot 309 (
ex-Talbot Arizona) se positionne dans la gamme Peugeot entre les
205 et
305. Elle se voit attribuer une numérotation à part dans la gamme (
numérotation en x09), ce qui prouve l’introduction imprévue de ce modèle au sein de la famille Peugeot.
Son style la place également à part du reste de la gamme.
Le hayon arrière des premiers modèles n'a pas d'armature : la porte est fixée directement sur la "bulle" arrière, elle-même collée aux charnières.
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Une Peugeot 309 SR de 1985. |
Les motorisations.
Jusqu'en juillet 1989, les versions basses 1.1, GL 1.1, GL Profil 1.3 et GR 1.3 seront équipées de moteurs d'origine Simca-Talbot. Ces deux moteurs (E1A et G1A), de respectivement 1 118 cm³ et 1 294 cm³, ont un carter en fonte et un arbre à cames latéral. Ils sont connus pour être bruyants mais très robustes. Il requièrent peu d'entretien et conservent la distribution par chaine.
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Une Peugeot 309 phase 1 |
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La planche de bord de la 309 phase 1 |
Le restylage.
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Une 309 phase 2. On remarque la calandre
en adéquation avec le style Peugeot. |
Au millésime 1990, la 309 subis un gros restylage afin d'être mieux intégrée à la gamme Peugeot. Sa planche de bord devient plus harmonieuse, sa calandre reprend le style Peugeot, les feux arrières ressemblent à ceux de la récente Peugeot 405. Le seuil de coffre est abaissé jusqu'à la base des nouveaux feux arrières et la bulle arrière est mieux intégrée avec des charnières invisibles. Les versions GE/XE, GL/XL Profil et GR 1.3 abandonnent les deux moteurs Poissy pour des mécaniques Peugeot.
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Les feux de la phase 2 reprennent le dessin de ceux de la 405. |
En huit années de commercialisation, Peugeot aura écoulé en tout
1 635 1321 exemplaires de la 309. Un succès plutôt mitigé, malgré ses qualités routières, en grande partie à cause de sa concurrente directe, la
Renault 11. Les projets de break et cabriolet présenté par Heuliez et Gruau resteront, quant à eux, à l’échelle de prototype.
Les 309 GTI.
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Planche de bord de la 309 phase 2. |
A la vue du succès de la
205 GTI, Peugeot décide de concevoir une
309 GTI. La présentation passe par un spoiler avant, 2 anti-brouillard et 2 feux longues portée, 4 freins à disque dont 2 ventilés à l’avant, des jantes en aluminium, un becquet arrière, et comme sa petite sœur, un liseré rouge parcourt toute la ligne de caisse. Elle reprend le
1.9 de la 205 (
130 ch à 6000 tr/min), pour une vitesse de pointe de
200 km/h.
Une version plus évoluée verra le jour en 1992 : la
GTI 16. Elle reprend le
1905 cm3 mais avec une culasse 16 soupapes. Le 1.9 délivre alors
160 ch à 6500 tr/mn. Son poids est ramené à 975 Kg et l’auto pouvait atteindre les
220 km/h et passer de
0 à 100 en 7.8s.
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La Peugeot 309 GTI, reconnaissable à son liseré rouge. |
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Peugeot 309 GTI16 |
La fin de Talbot.
Quand à la marque Talbot, elle va alors s'éteindre peu à peu, d'abord
en France en 1986 puis en
Espagne en 1987 avec l'arrêt de la
Solara et de l'
Horizon.
En Grande-Bretagne, la marque vivra encore jusqu'en
1994, en continuant de vendre un unique modèle, le
Talbot Express, frère jumeau des
Peugeot J5 et
Citroën C25.
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Le prototype Vera Profil, dont la ligne
a inspirée celle de la Peugeot 309. |
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Le prototype Vera Profil |
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